Complément d’information du jeu de cartes Du carbone dans mon assiette ?

Les différents régimes alimentaires

L’accord de Paris fixe l’objectif de vivre en 2050 avec individuellement 2 tCO2e par an à l’échelle mondiale. Pour y parvenir, Objectif Carbone recommande moins de 600 kgCO2e par an dédiés à l’alimentation, ce qui nécessite d’adapter nos régimes alimentaires (pour plus de détails sur la répartition du budget carbone individuel : livre blanc).

L’impact carbone annuel varie énormément selon le mode d’alimentation :

  • Régime à dominante bœuf, mouton ou agneau : 2 700 kgCO2e
  • Régime à dominante porc ou poisson : 800 kgCO2e
  • Régime à dominante volaille : 600 kgCO2e
  • Régime végétarien : 200 kgCO2e

Afin de respecter les objectifs de l’accord de Paris, il convient d’adopter un régime à dominante végétale et de réduire la consommation de viande, et surtout de ruminant (bœuf, mouton…) qu’il conviendrait de manger une fois par mois environ.

Analyse de cycle de vie des produits agricoles

Un exemple avec la tomate

L’impact carbone d’une tomate dépend de plusieurs facteurs :

  • La consommation d’énergie des tracteurs et matériels agricoles, ainsi que l’utilisation d’engrais azotés. Soit environ 0,05 kgCO2e / kg de tomate produite, en bio ou en conventionnel. L’agriculture biologique ne permet pas vraiment une diminution de émissions de GES par kg de produit en raison des rendements plus faibles. Mais l’agriculture bio émet moins de GES pour chaque hectare cultivé.
  • Le recours à une serre chauffée, qui concerne plus de 90% des tomates et concombres cultivés en France. Le maraîchage et l’horticulture sont fortement utilisateurs de serres afin d’augmenter la production. Encore majoritairement chauffée au gaz naturel, ces serres sont fortement émettrices de GES, soit environ 2,14 kgCO2e / kg de tomate.
  • La distance au producteur et le mode de transport. Ces émissions sont liées à la consommation d’énergie du transport, et équivalent à titre d’exemple pour 1 000 km :
    • 0,12 kgCO2e / kg de tomate transporté en camion
    • 4 kgCO2e / kg de tomate transporté en avion
    • 0,02 kgCO2e / kg de tomate transporté en bateau

Impact carbone de l’agriculture en France

Plus de 65% des émissions de GES du secteur agricole français sont dues à l’élevage, notamment l’élevage de bovins, qui à lui seul représente 85% des émissions agricoles. Le méthane (CH4) est le gaz à effet de serre émis par les bovins, il est 30 fois plus puissant que le CO2 sur 100 ans et 72 fois plus puissant sur 20 ans!

Les cultures sont responsables de plus de 20% des émissions de GES presque exclusivement par l’utilisation d’engrais azotés minéraux, qui émettent autant de GES durant leur processus de fabrication que durant leur utilisation. Le protoxyde d’azote (N2O) est le GES émis au cours du cycle de l’azote. Il est 265 fois plus puissant que le CO2. Le CO2 de la fabrication de l’azote minéral provient de l’hydrogène nécessaire, produit à 95% à l’aide d’énergie fossile à travers le monde.

Pour diminuer les émissions du secteur, il est nécessaire de :

  • Réduire le cheptel bovin,
  • Diminuer la quantité d’azote apportée au sol,
  • Réduire l’utilisation d’engrais azotés minéraux et se tourner vers des engrais azotés naturels, soit les matières putrescibles et fécales (compost, épandage des déjections animales).

Impact carbone de l’élevage

14% des émissions françaises sont dues à l’élevage des 18 millions de bovins. Ces émissions proviennent de la fermentation entérique, un processus de digestion par la décomposition des micro-organismes, qui produit du méthane (CH4), un GES 72 fois plus puissant que le CO2 sur 20 ans.

La convention international se base sur le pouvoir réchauffant global (PRG) des gaz sur 100 ans. Pour le méthane, qui a une vie courte (12 ans), le PRG sur 20 ans indiquerait que la presque totalité du bilan carbone de l’agriculture serait dû à l’élevage. Le secteur serait alors considéré comme le poste d’émission le plus important tant à l’échelle de la France qu’à l’échelle mondiale.
Un bovin à l’âge adulte émet environ 4 tCO2e par an (presque 10 tCO2e par an avec un PRG à 20 ans). Ces émissions sont très peu compressibles, si l’on souhaite diminuer les émissions de l’élevage la (seule) solution est de diminuer le nombre d’animaux élevés.

Impact carbone du travail du sol

55% des émissions liés aux cultures sont indirectes, elles ne sont pas produites sur le territoire français. Elles sont liées à la fabrication des engrais azotés minéraux, nécessitant de l’hydrogène, produit à travers le monde à 95% en utilisant des énergies fossiles.

Les engrais naturels existent et proviennent principalement des processus de décomposition des matières putrescibles ou fécales. Ces apports d’azotes sont sujets à des cycles de nitrification/dénitrification, au cours duquel ils se volatilisent en protoxyde d’azote, un GES 265 fois plus puissant que le CO2.

Aujourd’hui l’agriculture induit un surplus d’azote dans les sols afin d’augmenter les rendements, qui est responsable de différentes pollutions des sols, de l’eau et de l’atmosphère mais pouvant être évitées :

  • En intégrant plus de légumineuses dans les cultures, plantes naturellement fixatrices d’azote sur leur racine, rechargeant ainsi le taux de nutriment du sol;
  • En diminuant le surplus d’azote dans les sols, ce qui diminuera les rendements, nécessitera plus de cultures vivrières et moins de cultures à destination de l’élevage (66% des surfaces agricoles en France sont utilisées pour l’élevage et la nutrition animale);
  • En utilisant des apports d’azote naturels (point respecté par l’agriculture biologique) grâce notamment au compostage.

Impact carbone de la pêche

La pêche est un secteur très consommateur d’énergie. En moyenne il faut 0,5 litre d’essence par kg de poisson rapporté en métropole. Pour la pêche lointaine (poissons exotiques ou gros poissons comme le thon), ce ratio double. En plus de la consommation de carburant, s’ajoutent la chaîne du froid, le conditionnement et la distribution, qui équivalent à 25% des émissions liées à la pêche.

Des émissions de CO2 aqueux sont à rajouter, issues des méthodes de pêche intensive, comme le chalutage profond, technique consistant à remorquer un filet et détruisant des sols marins. Écosystèmes et sédiments se retrouvent labourés, ce qui entraîne le relargage dans les océans du CO2 contenu dans ses sols.

Aujourd’hui, les océans absorbent l’équivalent de 5% des émissions mondiales, mais ce chiffre est destiné à diminuer à mesure que la concentration en CO2 aqueux augmente dans les océans.

En plus des émissions de CO2 liées à l’activité pêche, il convient de rajouter 6,4 kgCO2 aqueux par kg de poisson, contribuant à l’acidification des océans, l’épuisement des écosystèmes, ressources halieutiques et l’épuisement de l’absorption de carbone par les océans. Une « pêche durable » serait alors une pêche locale et raisonnée, prônant la non-utilisation des techniques intensives.

Impact carbone de la cuisson

Selon la part du recours aux plats préparés et l’efficacité énergétiques des équipements, la cuisson représente entre 0,4 kWh et 2 kWh par repas.

Le choix de l’énergie de cuisson a également un impact sur les émissions de gaz à effet de serre :

  • La plaque à induction dispose de la meilleure efficacité, mais demande une puissance électrique importante qui peut perturber la demande en électricité durant les pics de consommation. En termes de GES, chaque repas émet en 25 à 120 gCO2e ;
  • Les plaques vitrocéramiques sont légèrement moins efficaces mais nettement moins perturbantes durant les pics de consommation électrique. En termes de GES, chaque repas émet entre 30 et 170 gCO2e ;
  • Les plaques au gaz sont plus avantageuses économiquement, mais en termes de GES chaque repas émettra en 170 et 800 gCO2e.

Et le bio ?

Le choix du bio influe peu sur le contenu carbone du produit puisque les rendements plus faibles compensent les recours plus faibles aux intrants chimiques. En revanche, du point de vue du territoire, l’agriculture bio limite fortement la vulnérabilité économique (plus faible dépendance aux intrants) et préserve la biodiversité.

 

S’il vous reste des questions : info@objectifcarbone.org